[En direct] Xavier Beulin à Troyes « La défense de l'élevage est une grande cause nationale »
Pour la Fnsea, il faut donner la primauté au redressement productif et non à l’écologiquement intensif. Sur tous les dossiers sensibles, le syndicat veut des avancées pragmatiques.
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Xavier Beulin, président de la Fnsea. A la fin du Congrès, le ministre de l'Agriculture est reparti avec la marinière, offerte par le président de la Fnsea, sur ses épaules « pour se souvenir de ce qui a été dit». (© Terre-net Média) |
c’est vêtu de l’uniforme du « redressement productif » que Xavier Beulin, président de la Fnsea a « revendiqué le fait majoritaire » en prononçant, devant le ministre de l’Agriculture, le discours de clôture du 67ème Congrès du syndicat, ce 28 mars 2013 à Troyes.
« Un fait majoritaire que Stéphane le Foll oublie un peu », selon lui, alors que le syndicat a remporté les dernières élections des Chambres d’agriculture avec 55 % des voix. Mettant fin à plus de douze mois de campagnes électorales (présidentielle et législative), elles ont défini pour les quatre années à venir le nouveau paysage politique et syndicale agricole.
Aussi, le syndicat tient à être le partenaire incontournable des prochaines échéances que sont la mise en œuvre de la Pac, la préparation de la loi d’avenir ou encore tout ce qui a trait à l’écologie. Et son président tente même d’imposer son calendrier de travail pour les prochaines semaines : sa priorité est « la défense de l’élevage en France, portée grande cause nationale et non pas de devenir champion d’Europe de l’agro-écologie quand il n’y aura plus de paysans ».
Des solutions nationales pour l'élevage
Le président de la Fnsea était ainsi devant le ministre de l’Agriculture, le porte-parole des éleveurs impatients de solutions concrètes au point de l’inviter à « travailler mieux et plus », ce que le ministre n’a, évidemment, pas particulièrement apprécié.
Il n’attend pas de Bruxelles des solutions aux problèmes des filières animales avec une majoration des aides. Les solutions sont d’abord nationales avec une révision des lois de modernisation agricole et de modernisation de l’économie pour parvenir à la conclusion de contrats respectés et qui prennent en compte les coûts de production des éleveurs avec des clauses de révision appropriées. « Il faut en effet changer les relations commerciales avec des contrats respectés comme chez nos voisins », a acquiescé Stéphane Le Foll. Donner la possibilité aux agriculteurs de s’organiser sans craindre la répression des services de la concurrence fera aussi partie de cette révision. Mais l’urgence impose de pouvoir négocier une hausse du prix du lait de 3 à 4 centimes lors de la table ronde du 6 avril prochain au ministère de l’Agriculture.
Du pragmatisme sur les mesures environnementales
Sur tous les dossiers environnementaux qui fâchent (prédateurs, épandage, zones vulnérables …), le syndicat veut des avancées pragmatiques. Mais s'il ne parvient pas à se faire entendre sur la nécessité de mettre fin aux règlementations excessives en matière d’environnement, il n’hésitera pas à multiplier les recours judiciaires pour les dénoncer, persuadé qu’il aura gain de cause auprès des tribunaux sollicités. Et il n'exclut pas d'ores et déjà des actions (plus de renseignements dans un prochain article).
Le ministre de l’Agriculture a certes assuré qu’il défendait la nécessité d’alléger le fardeau réglementaire et fiscal qui décourage les éleveurs et les agriculteurs mais la Fnsea, doutant de ses convictions sur ces sujets, attend des actes !
Stéphane Le Foll a pourtant rappelé aux congressistes que l’agriculture bénéficiera du crédit d’impôt emploi compétitivité qui s’ajoutera aux exonérations de charges actuelles. Par ailleurs, les industries agroalimentaires pourront davantage financer leur développement auprès de la Banque publique d’investissement.
Sur la Pac, les positions entre le syndicat majoritaire et l’hôte de la rue de Varenne sont moins clivantes. Et de toute façon, les décisions qui seront prises sur la prochaine réforme de la Pac ne relèvent pas seulement de l’autorité de Stéphane Le Foll.
Pour la Fnsea, les lignes rouges à ne pas franchir lors des prochaines négociations entre le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission pour rendre la réforme acceptable, sont claires. Xavier Beulin ne veut pas des 7 % de surface d’intérêt écologique et il est opposé à toute initiative pouvant conduire à une régionalisation aboutissant à autant de Pac que de régions. Selon lui, la convergence des aides doit être raisonnée et lente et les quotas sucres maintenus jusqu’en 2020.
Quant à Stéphane Le Foll, il a entre autres déclaré aux congressistes de la Fnsea qu’il refuse une aide unique l’hectare et que, pour l’après quotas laitiers, « il faudra un système de régulation majeur » sur le marché européen. En 2014, la majoration des aides des 50 premiers hectares des exploitations pour prendre en compte le « facteur travail » dans les exploitations et le recouplage traduisent un changement historique depuis 2003.
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